mandanye

21 juin : ces drôles de dames

« …J’avais trouvé là mon pseudo de criminelle. Mon blaze serait donc la Daronne. »

Extrait du film La Daronne

Il est tard, même très tard. En vrai, je n’en sais fichtrement rien ! Mon dernier souvenir remonte à une publicité qui passait à la télévision, juste avant le match France-Hongrie – euro 2021 . Je n’entends aucun bruit, hormis cette voix qui m’a sortie d’un sommeil profond. Je ne bouge pas, j’écoute, elle lit d’une voix douce… Mon livre de chevet ?

– La pauvre, je ne sais pas si elle m’entend, elle doit être épuisée, le médecin avait pourtant dit qu’elle serait réveillée à cette heure-ci. Je vais lui mettre le doigt sur le bouton d’appel, ce sera plus facile pour elle au réveil. Je viens de lire la page 108, je repasserai demain…

Pourquoi mon pouce est-il collé au bouton d’appel ? Qui est cette dame qui lit mon livre en pleine nuit ? Autant de questions que je me pose avant de me replonger dans un sommeil qui ressemble à l’idée que je me fais de l’ivresse. L’anesthésie fait encore son effet, aucun doute possible.

– Bonjour madame, je m’appelle Amélie, je vais prendre vos constantes vitales ce matin… Tout est correct, on vous apporte tout de suite les calmants et votre petit-déjeuner.

Je hoche la tête en signe d’approbation. Ensuite, je me lève, me fraye un chemin jusqu’à la salle de bain en me servant de mes mains pour raser les murs. Je souris. J’ai mal à la tête, j’arrête de sourire. Mon cœur rit ; une fois à l’intérieur, je ne vois rien, je touche à tout pour me repérer et prendre ma douche. Je répète le même exercice pour retourner au lit. Le petit-déjeuner englouti, je me dépêche de rejoindre Morphée qui m’attend sûrement au même endroit. Matin, midi, après-midi, soir, quelle importance ? Le temps ici s’est arrêté. Je me suis fait de nouveaux cachets amis et nous visitons ensemble le pays des merveilles…

– Mais qu’est-ce qu’il est drôle ce livre ! Oh, la pauvre chérie, elle ne fait que dormir. Je me suis arrêtée aujourd’hui à la page 114. À demain.

Elle est de retour ! J’entends sa voix, mais elle me paraît lointaine. Je suis encore à moitié endormie. Elle me caresse affectueusement la main avant de s’en aller…

– Bonjour madame, je suis Myriam. Je vais prendre vos constantes vitales ce matin… Tout est correct, on vous apporte tout de suite les calmants et votre petit-déjeuner. Aujourd’hui, vous n’aurez pas les comprimés blancs, mais uniquement les bleus. Ils sont plus forts.

Je m’abandonne à cette routine sans aucune résistance. Les jours défilent comme les paysages des films à petit budget, jusqu’au jour où :

– Bonjour madame, c’est le grand jour ! Moi, c’est Aurélie, je vais vous aider à préparer votre sortie après la consultation avec le docteur, ce matin.

Dans un sursaut d’énergie, je tends l’oreille… Je la reconnais, cette voix :

C’est vous qui me lisiez le livre chaque soir ? Qui avez fixé mon doigt au bouton d’appel ?

– Vous m’entendiez ? Je vous croyais profondément endormie, je tentais ma chance quand même ! Je suis contente que vous alliez mieux.

– Merci pour toutes ces nuits.

– Mais de rien, ça fait partie de mon boulot de vous aider à sortir d’ici en meilleure forme !

Game changer : BANKSY transforme les infirmières en super-héroïnes dans un tableau qu’il offre aux soignants britanniques.

J’ai récemment subi une opération dite « lourde » (jargon médical). Il nous aura fallu plusieurs consultations : ophtalmologistes, psychologue, anesthésistes et ce sur plusieurs mois, voire années avant de voir l’urgence forcer ce jour arriver. A l’aide de schémas, d’explications diverses et variées, ils ont tenté, à leur façon, d’être rassurants. De tout ce beau monde que j’ai plusieurs fois rencontré, entendu les discours maintes et maintes fois : je n’ai retenu ni visages, ni voix

Mais les voix d’Amélie, Myriam, Breanne et Aurélie, elles, continuent de jouer en boucle, comme une chanson dont on a du mal à se défaire. J’entends Breanne me supplier de prendre le doliprane à la place de la morphine avant le petit-déjeuner ou Myriam, cacher de petits gâteaux dans mon sac à dos, en me répétant que la nourriture de l’hôpital n’est peut-être pas celle d’un hôtel quatre étoiles mais qu’il vaut mieux ça que rien du tout dans le ventre. Comment oublier Aurélie ? La douce Aurélie, qui chaque nuit me faisait la lecture et me scotcha le doigt sur le bouton d’appel pour me faciliter la vie…

Ces personnes, je ne les ai pas vues, je les ai entendues. Il ne m’était pas possible de faire le lien entre leurs visages à leurs noms durant tout mon séjour, mais leurs voix, leurs attentions m’ont accompagné à chaque instant et m’ont apporté un réconfort qu’on ne peut schématiser à l’encre.

Vous avez une connaissance qui exerce la profession d’infirmier, infirmière ? Faites-lui lire ce texte et dites-lui : les patients donnent très souvent l’impression de lancer toutes les fleurs à leurs médecins traitants, mais en réalité, ils en réservent certaines (les plus belles) pour eux : ces hommes et femmes de cœur et d’action. Infinie reconnaissance aux infirmiers et aides-soignants de HFR.

Les mesures restrictives en place dans les hôpitaux suite à la crise du Covid-19 contraignent les personnes hospitalisées à ne pas avoir d'accompagnant sur place ; avec en plus des créneaux horaires de visites très strictes. Je vous laisse donc imaginer la joie d'un patient le jour de sa sortie...


Oh godmother ! Oh godmother ! Oh godmother !

C’est officiel. Je suis pour la troisième fois « marraine » (godmother) d’un petit ange.

La première fois, j’ai trouvé cela amusant. La deuxième fois, j’étais émue que le choix se soit porté sur ma petite personne. Pour cette troisième fois, j’essaie de cerner au mieux les responsabilités qui m’incombent.

Au cours de la cérémonie religieuse dernière, le célébrant m’a demandé comment je comptais jouer mon rôle de marraine à distance.J’ai répondu que « je porterai ma filleule en prière, que je m’impliquerai au mieux dans son éducation et qu’on resterait en contact via les nombreux moyens de communication … » Étaient-ce des paroles en l’air ? Lui ai-je juste dis ce qu’il voulait entendre ? Ce qu’il convenait de dire à l’occasion…

Nombreux sont ceux qui, une fois la cérémonie de baptême religieux terminée, n’ont plus de contact de leurs parrains ou marraines. Par manque de temps ? D’implication ? De compréhension du rôle ? (Faites un point sur votre situation en temps que baptisé ou parrain, et informez-moi en commentaires.)

  • Comment jouer pleinement son rôle de marraine ?

Vous attendiez une réponse à la question ? Et bien je ne l’ai pas ! Cela parait pourtant très simple, quand on vous explique que votre rôle consiste à accompagner spirituellement un enfant. Lui apprendre à prier, à fréquenter l’église, aider les parents dans cette tâche au quotidien … Concrètement comment faites-vous ? Pourquoi dites-vous spontanément oui, si vous n’avez aucune idée de comment procéder ? Qu’est-ce qui vous motive ?

Je vais être honnête avec vous, quand il m’arrive de paresser dans la prière je me dis intérieurement : « GOD, voici quelqu’un qui n’arrive même pas à prier pour sa propre personne, tu lui en confies d’autres ? Tu comptes sur quoi-même ? »

Et pourtant, il vous faut apprendre ! Apprendre sans forcément changer vos habitudes (ou si un peu quand même), mais surtout intégrer, prendre conscience du fait que vous êtes désormais responsable d’une personne autre que vous… Faire votre maximum pour garder cette bougie qui lui a été confiée, symbole d’engagement chrétien, allumée …

  • Champ d’action de la marraine ?

Il se pose souvent la question du champ d’action du parrain ou de la marraine. Cette personne doit-elle se cantonner dans sa position de « guide spirituel » ou également s’impliquer dans l’éducation de façon générale (vie scolaire, divertissement…) de cet enfant ?   Je vous conseille de vous en référer aux parents (aucun parent n’aime qu’on lui explique comment éduquer son enfant, soyons clairs à ce sujet). Tâchez de communiquer avec les parents, afin d’harmoniser vos actions, du moins jusqu’à ce que l’enfant ait atteint l’âge adulte.

——————————————————–

À

Marie-Lyne, Marie-Danielle & Marie Danielle

S’il s’avère que dans quelques années,  je ne suis pas très présente ou que je joue très mal mon rôle de marraine, sachez qu’un jour j’ai essayé. Essayer ne veut pas forcément dire réussir. Sachez qu’en disant « oui » à vos parents, j’apprenais à avoir le sens des responsabilités. Retenez surtout que j’ai appris à vous aimer et que je continue d’apprendre à prier ; Le royaume des cieux appartient aux cœurs joyeux, à ceux des tous petits. Me rapprocher de vous, m’aura permis de m’en approcher un tout petit peu. Merci.

À

Marie-Lyne, Marie-Danielle & Marie Danielle

Si dans quelques années, vous me trouvez parfaite dans ce rôle de marraine, sachez qu’un jour j’ai décidé d’essayer. Essayer m’aura peut-être réussi. Sachez qu’en disant « oui » à vos parents, j’ai peut-être pris à cœur mon devoir envers vous. Retenez surtout que j’ai appris à vous aimer et que je continue d’apprendre à prier ; Le royaume de cieux appartient aux cœurs joyeux, à ceux des tous petits. Me rapprocher de vous, m’aura permis de m’en approcher un tout petit peu. Merci.

Danielle.

 


Dans les bras de mon père

Êtes-vous bons à quelque chose ? Moi, oui ! Enfin je crois. Je suis bonne… Avec les gens. Ils me parlent – peut-être parce qu’ils ont confiance et quand bien même ils se taisent je continue à les lire, à les écouter. Comme à cet entretien d’embauche… J’avais fini par connaître l’essentiel des questions généralement posées et m’y suis minutieusement préparée – certainement un peu trop.

Dans la salle, le recruteur sourit, je fais de même. Il m’impose un silence durant lequel il parcoure le curriculum vitae (cv) ; de temps à autre il jette des coups d’œil par-dessus l’épaule – Il se croit fort, tout comme moi dans les bras de mon père. Quand il eut fini d’entretenir le suspens qui nous réunissait autour de cette table de verre, il introduisit enfin la conversation :

– Parlez-moi de vous ? Pensez-vous être professionnellement stable ? Dites m’en plus sur vous et vos aspirations …

Je souris (intérieurement), on me l’avait déjà fait des dizaines fois; des réponses structurées j’en avais pléthore en réserve ! Et pourtant ce jour-là, mon esprit a voyagé sans y convier mes mots. Devrais-je tout lui raconter ? Il continuait à me fixer du regard et moi je feignais de réfléchir profondément ; je finirais bientôt par l’agacer avec mes mots qui traînaient leurs pas …

Des années se sont écoulées depuis que j’ai exprimé aux miens, le besoin de « changement professionnel ». Ils l’avaient plutôt bien pris, mon père était content, enfin je crois, je l’ai vu dans ses yeux ; la lueur y était différente ce jour-là. Lueur qui m’avait parfois fait culpabiliser. Mes propres yeux m’avaient trahi, me forçant à observer jour et nuit cette lueur ne plus quitter ses yeux, année après année. Il (sur) vivait tant bien que mal à la perte de son amour de jeunesse. Il avait réussi à s’accommoder – en fait non, il chérissait toujours cette image d’eux, vieillissant main dans la main- Ad vitam aeternam ! La télévision pouvait bien s’éteindre, eux seraient encore là, affalés sur le canapé à contempler le monde sur le petit écran. Mes propres yeux m’ont trahi et ensuite contrainte à accepter ma réalité : je n’étais plus forte dans les bras de mon père, alors je suis partie …

Récemment, je l’ai revu – mon père. Il m’a prise dans ses bras. Ses étreintes n’ont plus le même goût. Je les ai longtemps dégustées sans en appréhender la saveur. C’était étrange. Du haut de son mètre quatre-vingts, il se tenait droit pour souffler sa nouvelle bougie. Des nombreux cadeaux qu’il a reçu, il lui manquait toujours les rides, le chanceux. Nos regards fuyants finirent par se croiser. J’ai souri, lui aussi. J’ai plongé mes yeux dans les siens, mais je n’y ai rien vu, la lueur avait disparu : je me suis sentie, de nouveau, forte dans les bras de mon père.

Je braisais enfin la glace entre le recruteur et moi :

– comme vous pourrez le constater, pour accomplir au mieux ce projet, il m’a fallu mettre en place une stratégie professionnelle comme décrite dans le cv… Etape après étape je vous en dirai plus sur moi, si vous le permettez…

Les meubles n’avaient pas bougé encore moins la tapisserie isolante posée aux murs, mais l’entretien s’est déplacé au rythme cadencé des vibrations de nos cordes vocales. Le recruteur était fort, tout comme moi dans les bras de mon père. Nous voulions la même chose, je l’ai vu dans ses yeux, enfin je crois ! Alors, je suis restée…

 


La brosse à cheveux de couleur verte

Cette année, le Super Bowl (la finale du championnat organisé par la National Football League (NFL) opposait les Eagles de Philadelphie aux Patriots de la Nouvelle-Angleterre. Pour moi, regarder une finale de football américain, c’est comme regarder une finale de champions League couplée à une finale de NBA : mes émotions sont à chaque fois décuplées. Ce match donc, avait divers enjeux pour les deux équipes :

  • Les Patriots tentaient de se rapprocher du record de superbowl gagnés à ce jour (6), quand les Eagles, eux, avaient à cœur de gagner pour la première fois la finale du championnat. Tout le monde avait les yeux rivés sur les quaterback : l’expérimenté Tom brady pour les Patriots (l’un des meilleurs quaterback de l’histoire avec cinq victoires au superbowl à son actif) versus Nick Foles, le chanceux petit poucet des Eagles (devenu quaterback titulaire suite à la blessure en cours de saison de Carson Wentz, auparavant quaterback titulaire).

Le dénouement fut plus heureux pour les Eagles – la rage de décrocher une première victoire, de rentrer dans l’histoire, leur a permis de déployer leurs ailes pour finalement décrocher ce trophée. À la fin du match, j’avais ce petit pincement au cœur pour les Patriots, mais je ne pouvais m’empêcher de penser que peut-être «  avait-on besoin de changement, de quelque chose de nouveau » …

La brosse à cheveux de couleur verte appartenait à ma mère. Je l’avais plusieurs fois vu faire – peigner délicatement ses cheveux, couleur ébène. À sa mort, j’en ai logiquement héritée ; personne ne me l’a donnée, je l’ai prise. De mémoire, c’était peut-être la seule chose d’elle qui m’appartenait vraiment, une brosse à cheveux vieille de plus de vingt ans. Elle n’a pourtant pas été confectionnée dans une matière spéciale, ni griffée du saut d’une marque en particulier – c’était une régulière, une classique ; une de celle que l’on trouve un peu partout dans les commerces et que l’on obtient à force d’arguments rebattus, à prix débattu.

Ce que l’Amour peut faire, l’Amour ose le tenter.

William Shakespeare

J’étais en école d’ingénieur quand j’ai appris son décès, mais c’est précisément à cette période que j’ai expérimenté l’amour sous l’une de ses formes les plus belles. Mes amis avaient créé une sorte de chaîne d’entraide – ils se relayaient tous les jours après les cours afin de me tenir compagnie. Il m’était interdit d’approcher les balcons, fenêtres ou d’utiliser des objets tranchants – basique. Ils n’utilisaient pas les mots, moi non plus, d’ailleurs nous ne savions pas trop quoi nous dire – nous étions jeunes. C’était pour certains d’entre nous, peut-être, la première fois qu’un malheur nous frappait d’aussi prêt. Ils avaient mis sur pied trois équipes : celle du matin, de l’après-midi et de la nuit. Je ne dormais presque pas – je les regardais s’effondrer de fatigue après les cours au pied de mon lit ; certains dormaient à même le sol, d’autres sur des matelas de fortune et pourtant ils étaient là, tous les jours, les uns à la suite des autres. Entre ceux qui s’occupaient du repas et ceux chargés du divertissement, je peux vous assurer qu’ils étaient super bien organisés. Certains sont passés en session de rattrapage d’examens durant cette période ou d’autres souvent retenus en cours envoyaient leurs cadets faire le guet à leur place en attendant de se libérer.

Aujourd’hui, il faut que vous avoue, j’ai jeté la brosse à cheveux de couleur verte de ma mère, celle qui me rappelait à chaque fois que vous m’avez transmis tout cet amour – Je l’ai – j’en ai encore en réserve pour les batailles prochaines ; Et comme à la fin du match de super bowl, je me suis dit qu’enfin de compte, «  on a tous besoin de changement, de quelque chose de nouveau » … Visages, connus ou méconnus, vous en avez aussi peut-être besoin. Puisez dans votre réserve d’amour pour les autres et allez à la rencontre de ce re-nouveau.

Ps : Ma couleur préférée c’est le bleu turquoise – pour les dons de brosse à cheveux :p – je suis nappy sciencez en pro, rajoutez peigne à queue aussi – Merci bien  ^_^


J’ai osé le premier pas

Comme le dernier arrivé de la classe, on nous l’a tous présenté. Son ordinateur en guise de fourniture scolaire, il faisait la tournée des bureaux. « Stéphane est le petit nouveau de l’équipe d’en face ! », annonçait son manager à chaque fois qu’il dépassait un nouveau service de l’étage. Une semaine s’était déjà écoulée, les habitudes de Damien m’étaient connues : plutôt simples. Un geste timide de la main = bonjour tout le monde. Je pars manger = je disparais à 11 h 45, sans rien vous dire. On prend le goûter ? Une pomme golden à 4h de l’après-midi. Je pars et vous ? Debout, il fixait la salle, celui qu’il croisait le premier du regard avait droit à un hochement de la tête en guise d’au revoir. Ainsi sont rythmées ses journées, à l’angle de cette marguerite, au coin de l’open space.

Aujourd’hui, j’ai décidé de me présenter à Stéphane. Je stresse un peu – je l’avoue, c’est bien la première fois que je fais le premier pas. Allez je me lance, je prends une feuille, un stylo et m’assieds en face de lui afin d’entamer la causerie :

– Bonjour, je suis Danielle. je travaille sur x projet avec xx team, je m’occupe de xxx et toi ?

– Moi, c’est Stéphane et je code !

– Tu m’apprendras ?

– Oui – un large sourire à l’appui.

Ce soir en rentrant chez lui, Stéphane n’a pas hoché de la tête pour me dire au revoir, il m’a plutôt laissé une note sur un post-it qu’il a pris soin de coller sur mon écran de travail : « Comme toi, le code n’a pas de limites – merci d’avoir osé le premier pas.« 

Stéphane est le nouveau venu sur l’aile 1 de l’étage 8 dans cette corporate. Il est sourd et muet, mais de lui, ce qu’il veut que l’on retienne avant tout c’est qu’il code, et qu’il excelle dans ce qu’il fait. Il se surpasse dans ses présentations, pour la dernière en date, il avait réussi à coupler sa Google home à son travail, substituant ainsi sa voix à celle de l’assistant virtuel. Il venait de nous rendre sourd-muet-bluffés, tout à la fois. De nos différents échanges, j’ai appris à découvrir son univers à lui. Par exemple on ne dit pas, selon lui, le langage des signes – c’est un peu « insultant » – mais plutôt la langue des signes… J’en connais 6 mots et j’ai hâte d’en apprendre plus …

Les gens dans les couloirs s’étaient laissés attendrir par notre discussion passée – comme pour dire : « c’est tellement gentil de ta part de te soucier d’un collègue en situation particulière ». Bientôt, la RH pourra mettre ses statistiques à jour : « x personnes spéciales embauchées qui s’intègrent rapidement à nos effectifs (bla bla bla… tous ces discours qui collent bien à l’image d’une compagnie)… »

Soyons honnêtes, seul mon élan de curiosité m’avait motivée, plutôt qu’un quelconque acte de gentillesse, quand je me suis approchée de lui. Je voulais tout savoir, absolument tout : comment il vit au quotidien ? Dans les transports ? Chez lui, à la maison ? Sa famille ? Quels étaient ses centres d’intérêts ? Puis il m’a fait cette note, qui à elle seule a suffi à faire taire mes interrogations. Je l’ai pris comme un rappel à l’ordre et depuis j’apprends de lui autrement. Il se sent bien lorsqu’il code, il recrée l’univers à sa façon ; il est comme un de ces super-héros au « potentiel illimité ». Depuis, on l’appelle « Stéphane le codeur ». Je crois qu’il aime bien, il sourit à chaque fois qu’il lit son surnom sur nos lèvres…

Aux dernières nouvelles, Stéphane prépare un diplôme en business et stratégie digitale, en cours du soir. Je me suis posée la question avant vous – un interprète traduit les cours dans la salle. Vous avez parlé de limites ?


2018 : nous y sommes.

 Nous sommes presque le 01 février 2018 et voici que je me décide enfin à vous présenter mes vœux les meilleurs. Paresse, manque de temps… Que nenni ! Disons que j’ai déjà maille à partir avec cette nouvelle année, qui pourtant ne fait que commencer. Pourquoi ? Je n’en sais fichtrement rien ! De mémoire, je pense avoir toujours attendu « les années nouvelles  » avec espérance, effervescence même parfois – mon esprit avait réussi à se convaincre quelles seraient quoi qu’il en coûte porteuses d’espoir et de réalisations possibles. Année après année, il a suivi la même logique jusqu’à cette année, cette année où  je n’ai rien senti, encore moins ressenti ! C’est comme se réveiller un matin et avoir l’étrange sensation d’avoir perdu son odorat… Est-ce là le signe que mon esprit a besoin de renouveau ? Est-ce là le ressenti d’une liberté quelconque ou une forme inexprimée de son contraire ? Je m’attellerai à le découvrir au cours de cette trois centaines de jours prochains…

La trilogie 15-16-17 n’aura pas été de tout repos. Certaines situations vécues m’ont clairement fait comprendre que rien n’arrive qu’aux autres – nous sommes ces autres pour les autres ! Eh bien disons que « tout ce que je n’aurais jamais imaginé m’arriver » m’est au moins une fois arrivée, sans pour autant que cela ne me rende amère de la vie. Cela ne veut toute fois pas dire que je ne porte pas de cicatrices ou que tout est rose dans le meilleur des mondes (si votre vie ressemble à cela, inquiétez-vous de votre mort). Mais j’ai agréablement pu voir cette jauge qui s’est installée, me permettant à chaque étape de nuancer la personne que je suis; de mieux différencier les choses que je suis en mesure de supporter, d’accepter de celles qui clairement m’insupportent. J’ai appris à me connaitre, à continuer d’apprendre des autres et maintenant je sais que je ne pourrais laisser aucune année s’écouler sans avoir appris une chose nouvelle sur moi, la personne que je revendique être dès le matin, au réveil– vous devriez en faire autant.

Vous êtes-vous déjà retrouvés dans ces situations où, à chaque demande que vous émettez, vous n’obtenez que pour seule et unique réponse : la patience ? Pour l’avoir arrosée et cultivée pendant longtemps, elle a pour moi aujourd’hui, la même valeur que le mot courage. Il m’a parfois fallu aller la chercher bien loin pour finalement buter sur cette éternelle question : Vous connaissez-vous vraiment ?  

Cette année 2018, je l’ai placée sous le signe de la #discipline et la valorisation « de petites victoires ». Je ne pense pas manquer de discipline, bien au contraire ! J’ai très vite appris à nuancer les différentes formes de discipline, selon les objectifs à atteindre ou les buts fixés. J’ai donc décidé de m’intéresser d’encore plus près à ce sujet, cette année. Souhaitez-moi bonne chance ! Un grand merci à ceux qui m’ont offert mes premiers livres de 2018, qui comme par hasard (hasard, qui je crois n’existe pas) traitent de self-discipline ^_^. Et vous, quel thème avez-vous décidé de (pour) suivre année ?

 » To reach high performance, you have to consider more than your individual passions and efforts, and you’ll have to go well beyond what you like, prefer or naturally do well, because, to be franck, the word care less about your strengths and personality than about your service and meaningful conributions to others.  » BRENDAN BURCHARD


Reflet, l’histoire d’un cycle de la vie

Huit heures de chirurgie et deux jours de convalescence, mais ce dont je me souviens encore après tout ce temps, c’est bien de l’étreinte de ma mère, celle qui me sortit de mon profond sommeil. Du bac à sable où je jouais la veille, à ce lit d’hôpital, ma vue quasi obscure et ce gros « sparadrap » orange : nul besoin de me le dire, je pouvais l’imaginer : ma vie a changé en l’espace d’une journée. Dehors, mon père, au volant de la voiture, fait inhabituellement passer sa tête à travers la fenêtre, ses joues perlent de larmes.

Ma mère me serrait dans ses bras à chaque fois que le médecin passait le pas de la porte comme pour me protéger de ce qu’il allait dire ; les autres fois, elle essayait juste de se faire un transfert de douleur ; l’affliction provoquant des cris insoutenables. Mon père lui, faisait les cent pas dans les couloirs de l’hôpital, pour cacher sa peine, souvent. Deux mois plus tard, il est temps de retirer ce bandage et d’affronter la triste réalité : je fais partie de cette rare catégorie d’enfants nés avec une maladie congénitale qui malheureusement ne se déclenche que, bien plus tard, après la naissance. À quatre (4) ans, j’ai dû apprendre à me passer de la fonction motrice de mon œil gauche – tout ou presque était à refaire, il nous a fallu réapprendre à vivre.

 << Le monde n’a pas besoin de savoir ce qui se passe chez vous au quotidien ! Ouvrez les portes et donnez le meilleur de vous-mêmes. >>

Je n’ai pas connu la définition du mot handicapé dans les livres, je l’ai apprise sur le tas en voyant des personnes en fauteuils roulants mendier ou avoir du mal à se déplacer. Cette fois où je tendis une pièce à un mendiant qui avait le bras amputé, je lui dis : « bon courage » et lui de me répondre « à vous aussi, j’ai vu votre œil. » La claque que je me suis prise ce jour-là ! Ces neuf opérations de tatouage cornéen qui me bouffaient presque chaque année mes vacances scolaires ; ces mois de convalescence, enfermée dans le noir avec pour seul ami le poste radio – pour ceux qui me demandent souvent mon rapport à la musique, il vient surement de là, de ces moments où j’ai appris à entendre la musique, encore et encore durant des heures, des jours, des mois, dans le noir de ma chambre au point de n’en faire qu’un avec elle ; elle a été et continue d’être ma fidèle amie. Tout ceci pour finalement me rappeler que j’étais tout aussi handicapée ! Est-ce parce que j’ai un toit décent sur la tête en comparaison à ce mendiant qui traîne souvent sa canne ou qu’on tient par la main, que j’en suis moins aveugle ? J’ai mis beaucoup de temps à accepter certains mots dans mon vocabulaire au quotidien et je me demande si je les accepte encore à leur juste valeur.

Je me rappelle cette fois où j’accompagnai mon père voir son conseiller en assurance. Notre objectif était de le convaincre que cet énième opération de tatouage cornéen qui, comme son nom l’indique, est un tatouage reproductif de l’aspect de l’œil droit sur l’œil gauche, était vitale à mon équilibre – même si au fond nous savions tous les deux que ce n’était qu’un leurre ; mon père, parent en quête de normalité pour son enfant, me dicta les mots à répéter au conseiller afin qu’il accepte de donner son accord pour l’opération ; je visualisais mes vacances tomber à l’eau et mon isoloir déjà prêt à m’accueillir ; cette année-là, je compris qu’il fallait que cela s’arrête – on ne pourrait jamais rattraper ce qui était perdu au travers de l’esthétique, qui de surcroît ruinaient la santé physique et financière de mes parents. Le mot d’ordre était lancé : qui m’aime me suive, sinon passe son chemin ; je venais, enfin, d’embrasser mon autre moi.

Je n’ai pas toujours eu 2000 amis comme Facebook aime souvent à nous le faire croire, je n’avais au contraire que très peu d’amis ; je pourrais vous écrire un chapitre entier sur les insultes et moqueries en tout genre reçues de la part d’enfants ou d’adultes, mais ce serait sans intérêt certain. J’étais ce qu’on appelle le vilain petit canard boiteux ; dans ce monde carré à la perfection, je faisais souvent rond, donc tâche ; j’ai à contrario cette famille africaine qui me choie tellement d’amour qu’elle ne me parle jamais de ma condition ou évite au maximum d’en parler, voulant absolument me traiter comme une enfant normale. Seulement voilà, je ne l’étais pas forcément et j’aurais voulu savoir comment répondre à ces petits enfants qui me demandent « tata, pourquoi tes yeux sont différents ? » ou à ces adultes qui ne posent pas la question, mais qui posent le regard sur vous et meurent d’envie de savoir. Aujourd’hui, je sais quoi dire – j’ai appris comme une grande dans mon coin quoi dire pour éviter l’angoisse ou l’embarras. Je me permets donc de donner ce conseil aux parents qui vivent avec un enfant à condition handicapante d’une quelconque façon : donnez-leur autant d’amour que possible mais surtout, ne leur cachez en aucune manière la réalité, leur réalité ; préparez-les à affronter ce monde qui vous effraie, vous parents. Vous les voyez toujours tous petits, mais ils sont capables d’encaisser ces choses avec lesquels vous avez souvent du mal.

Si l’on vous demande aujourd’hui : de quoi avez-vous le plus peur ? Vous répondrez sûrement pour certains de mourir, pour d’autres des jeux extrêmes ou encore d’être sans un sou. J’ai très vite relégué ces craintes au second plan quand j’ai compris que faire mon shampoing, me prendre une poussière dans l’œil ou regarder pendant longtemps tournoyer une boule disco, pouvaient m’être fatal. Quand on attend 25 années pour avoir une autorisation de porter des lunettes de soleil, on ne s’aventure pas, au grand jamais, à séparer deux personnes qui se bagarrent ; on aurait bien plus à perdre que les protagonistes en question. Autant vous dire que mon médecin traitant m’aurait fait vivre dans une bulle pour ma propre protection, comme il le disait.

Une situation qui m’a le plus révoltée à l’époque, mon ophtalmologiste qui refusa de signer mon aptitude de bilan médical m’autorisant à exercer mon premier emploi. En plus d’avoir refusé de signer le document, il avait pris le soin d’appeler certains de ces collègues qui me mettaient tout de suite gentiment à la porte, moi et mon aptitude de travail dans le domaine du génie civil, qu’ils trouvaient trop dangereux. J’étais révoltée que l’on décide à ma place de ce que je pouvais ou ne pouvais pas faire ! J’ai finalement eu gain de cause, une semaine de recherche plus tard, auprès d’un autre spécialiste qui en échange me fit m’engager à des consultations encore plus régulières (comme si une fois chaque trois mois n’était pas déjà bien assez).

Aussi longtemps que je me souvienne, je n’ai de moi-même connu qu’un seul de mes visages – celui qui me porte – celui avec lequel je vous regarde, au quotidien, lunettes remontées. Ces dernières, je ne les retire que très peu, à force de m’être fait crier dessus, enfant, à maintes reprises, pour l’avoir fait, j’ai fini par les considérer comme étant mon visage – sans, ce serait comme être Adam et Ève après avoir mangé le fruit défendu ; je ressens toujours le besoin de les porter de peur d’être nue et à nue. Mon ophtalmologiste, à l’époque, avait trouvé que ce serait bien mieux pour une jeune fille de porter des lunettes pour masquer un handicap, cela paraîtrait plus beau aux yeux de la société. Voici comment j’en suis venue à porter ce masque, constamment.

Cette année, j’ai tenté le tout pour le tout ! Je suis allée à la rencontre d’un prothésiste et d’une ophtalmologiste pour programmer une opération chirurgicale. N’étant pas adepte de « petites victoires », j’attendais finir l’opération avant de finalement informer les miens. C’est alors que je fus convoquée quelques jours avant l’opération au cabinet médical pour me tenir au courant de l’impossibilité de l’opération initialement prévue, compte tenu des risques finalement trop élevés – contre expertise médicale également exposée. Le bon côté des choses, c’est que je m’en suis tirée avec une séance obligatoire et gratuite de thérapie ; la bonne dame a passé le plus clair de son temps à me rappeler que je n’aurais plus l’occasion de paraître normale « aux yeux de la société », du moins pour le moment, sans oublier de me poser la question suivante : et comment comptez-vous vivre avec ?

Je n’ai pas utilisé de mots raffinés pour écrire ce texte et je m’en excuse ; j’ai eu certaines fois l’impression de torturer mon âme afin qu’elle me délivre les expressions justes et je peux vous assurer que douloureux n’est que faible interprétation du ressenti. Pourquoi je vous l’écris, ce texte ? Je me suis également posé la question à maintes reprises. Je me passerai bien de votre pitié, si vous décidez, après avoir lu ce texte de vous montrer brave à chaque épreuve que vous rencontrez, d’embrasser la vie, de lui sourire contre vents et marées. Demain sera peut-être meilleur.

Pour rassurer certains, je ne fais pas que sourire comme une blonde le plus clair de mon temps ; oui, il m’arrive de me mettre en colère, oui je suis tout le temps aigrie quand je vois qu’ aujourd’hui dans les hôpitaux que « la cataracte » se soigne au laser en moins d’une heure et demande moins de deux semaines de convalescence. Oui j’ai les boules, car chaque année je perds des millimètres, la cornée et la sclère de mon œil rétrécissent, mes paupières se referment un peu plus et je m’interroge sur le devenir de cet œil, le mien ; mais je souris et je garde espoir que les lendemains seront meilleurs. Mon seul regret serait de ne pas accomplir tout ce que je me suis programmée, qu’une seule vie ne suffira pas à couvrir – en attendant je vis, je n’accepte pas d’être privée de liberté, de ma liberté, je prends ce que la vie me donne, je le redonne et je vous conseille d’en faire autant. Personne ne naît brave ou plein d’espoir ! Surtout, ne ratez pas votre chance lorsque l’occasion se présente, saisissez-les (bravoure ou espoir), vous n’aurez pas d’autres choix pour exister que de vous les approprier.

Je n’oserai pas m’ériger en exemple ou en martyr portant une cause – loin de moi toutes ces prétentions. Je jouis juste de la chance que j’ai de tenir un blog et d’y coucher des mots selon mon bon vouloir, pour moi ou pour toutes ces personnes intrigantes que vous pourrez croiser au détour d’une rue…

– Mélodie qui m’a permis d’écrire ce texte : Sam Smith / burning


J’ai choisi le succès, l’échec m’a rattrapée… [J’ai lu]

Selon le dictionnaire Larousse (en ligne) , l’échec se définit comme étant un résultat négatif d’une tentative, d’une entreprise, un manque de réussite ; une défaite, l’insuccès, le revers. Exemple : subir un échec. Un mot qui bien souvent s’accompagne d’un autre :  désillusion – le sentiment de quelqu’un qui constate que la réalité est différente de celle qui était imaginée ; désenchantement, déception, mécompte.

Tout est parti d’un fait anodin. J’ai lu ce livre dans lequel il est demandé aux lecteurs de dresser la liste de leurs plus gros échecs et d’en noter les conséquences. J’ai alors pouffé de rire repensant à un échec essuyé une fois en cuisine. Il était question de faire cuire du riz blanc sur une gazinière avec laquelle je faisais connaissance pour la première fois. Mon « cv » en matière de cuisine était à mon sens remarquable – mariage, baptême, anniversaire, funérailles, j’avais déjà cuisiné pour une centaine personnes qui n’avaient pas encore terminé aux urgences. Ma famille, composée de trois hommes à l’appétit d’ogre, peut même en témoigner. Et pourtant, à mes débuts en pays étranger, cette gazinière m’a fait essuyer la honte de ma vie – deux (2) ans après j’en parle, c’est vous dire combien j’en ai souffert. Le plus dur je pense, ça été de voir mon tuteur à l’époque rentrer du boulot, réaliser que je n’avais pas réussi à faire cuire « un simple riz blanc » sur sa gazinière. Il s’était marré quelques minutes, avant de rapidement se changer et faire cuire le riz en moins de 30 minutes. J’étais outragée – choquée – j’en voulais à ma propre personne ; moi la femme, la cuisine est censée être mon lieu de prédilection comme le veux la culture africaine. Mon ego en avait pris un coup et j’ai décidé de ne pas dîner ce soir-là ! J’ai préféré dormir le ventre creux pour me punir. Ensuite, je me suis appliquée, j’ai essayé encore et encore – je déteste les affronts et perdre me ronge le sang (au sens propre du terme). J’ai testé en long et en large les boutons de cette gazinière, jusqu’à trouver la combinaison magique de boutons (4-2). Cette joie de l’accomplissement après l’effort, je la ressens encore aujourd’hui. Ce n’est certes pas l’échec le plus cuisant de ma vie, c’était plutôt une désillusion, mais j’ai eu envie de la partager avec vous. Combien de fois avons-nous tourné le dos à nos échecs ? Trop peur d’y faire face ? De se souvenir de la douleur ? Qu’avons-nous appris depuis ?

Pour en revenir au titre de l’article, j’ai découvert Aude de THUIN au travers d’un MOOC. Elle y parlait de sa vie d’entrepreneure et de l’échec qui est bien souvent mis en sourdine ou très mal enseigné dans la société qui nous entoure. Intriguée par sa personne, je me suis tout de suite documentée et procurée son livre  » Forcer le destin : j’ai choisi le destin, l’échec m’a rattrapée ». Ce livre a entièrement répondu à mes attentes : il me bouffait mes nuits et mes jours ! Au moindre moment de répit, je m’empressais de replonger mes yeux dans ces lignes. Ce que j’ai par dessus tout aimé, c’est le côté atypique du livre ! Ecrire et laisser la latitude à sa thérapeute d’y rajouter des commentaires. C’est la tâche de co-auteur que Jeanne Siaud-FACCHIN, en qualité de thérapeute, a rempli avec brio ; un grand moment de culture générale que j’ai beaucoup apprécié (psychologie, psychanalyse, toujours présente, je réponds fascinée  – allez-y comprendre quelque chose !).

Aude de THUIN autrefois Odette le ROUX, est issue d’une famille de milieu modeste. Son père était boulanger et sa mère, femme au foyer. Des conditions de vie qu’elle avoue avoir détesté. Par-dessus tout, sa couleur de cheveux : roux, qui lui valait brimades et moqueries à l’époque. À l’âge de 17 ans, elle se fait renvoyer de l’école des sœurs et ne passe pas le BAC. Sa revanche sur la vie elle la voulait à tout prix ! Une vie différente, elle en avait rêvé ! Briser ce complexe qu’elle a, de cette classe de personnes élitistes qui aime fanfaronner avec ses gros diplômes à chaque sortie mondaine. Malgré tous ses efforts, elle le sentait encore, le regard des autres posé sur son parcours d’autodidacte, le jugement de la société… L’envie de se faire accepter et sa rage de vaincre lui ont donné d’exercer durant trente-cinq années (35) une vie professionnelle de serial entrepreneure. Elle comptait à son actif 5 entreprises, des salons (l’Art du Jardin), forums (Osons la france, Happy Happening, Asia Women’s forum, Women’s forum…) et autres associations à but non lucratif. Sociétés ou concepts rachetés pour certains, par de plus grosses structures faute de moyens financiers, mais encore dépôts de bilans et dettes à profusion pour les autres ! Comment celle qui est partie de rien et qui a réussi à se façonner une image de bourgeoise au fil du temps,  celle qui a reçu la légion d’honneur, qui côtoyait ministres, personnalités du CAC40 et autres personnes influentes du monde entier, se retrouve du jour au lendemain au tribunal du commerce pour son nième dépôt de bilan ? Cette fois-ci la coupe est pleine. Il faut en plus rendre les clés de la maison de Paris et se retirer dans la maison de campagne en Normandie. (The Rise and Fall). 

Vous avez donné la parole a tellement de dirigeants et de politiques de ce pays qu’ils auraient pu vous aider à leur tour, ça aurait été la moindre des choses. Lui répondait, le président tribunal, lors de son passage en redressement judiciaire.

À travers cette confession poignante, Aude de THUIN est aujourd’hui en pleine reconstruction de sa personne. Une totale remise en question dans le but d’identifier et mieux comprendre les raisons de cet échec. La claque que vous prenez quand savez que vous avez tout pour réussir, mais que vous continuez d’échouer sans cesse ! En attendant de trouver réponses à vos questions et pour vous aider à remonter la pente en cas d’échecs, voici 10 conseils parus dans le Time du 1er Juin 2015 :

  • Se doter d’un certain nombre de certitudes que rien ne peut ébranler ;
  • S’efforcer de trouver ce qu’il y a pu avoir de positif dans tout ce qui a pu nous arriver ou ce qui a été facteur de stress ;
  • S’inspirer de ceux qui sont résilients ;
  • Ne pas se détourner de ce qui nous fait peur : faire face ;
  • Demander d’urgence de l’aide dès que ça va mal ;
  • Apprendre autant de choses nouvelles que possible ;
  • Trouver l’exercice physique qui vous convient et le pratiquer sans faille ;
  • Ne pas culpabiliser ni vivre en regardant le passe ;
  • Se remettre en cause , identifier ce qui rend fort et se l’approprier ;

À la question de savoir ce qu’elle compte faire par la suite, Aude de THUIN répond à la fin de son livre :

Quand on me parle de demain, bien sûr j’y pense et j’y ai déjà réfléchi. Mais cela me perturbe aussi beaucoup. Malgré tout ce que j’ai vécu, je ne peux changer fondamentalement qui je suis… De quoi ma vie sera-t-elle donc faite ? Puisque je ne sais pas m’arrêter ? Je suis encore pleine de contradictions, car je reste fragile et je sais qu’il va me falloir aller puiser au fond de moi, l’énergie nécessaire pour avancer.

Ps : Elle est de nouveau sur les Rails ! Aude de Thuin est aujourd’hui à la tête du réseau et  forum : » Women In Africa » !


14 fautes d’anglais qui trahissent les francophones

Les anglophones sont polis. Du moins, c’est ce qu’on a pu remarquer. Et pourtant, il y a ces fautes écrites ou parlées qui les font enrager. Mais ils ont souvent du mal à nous le dire, préférant se résoudre à comprendre le sens premier de nos propos plutôt que de nous corriger à chaque mauvais pas.

Pour les besoins de l’article, un kenyan, un japonais-brésilien et un américain se sont prêtés au jeu : énumérer ces erreurs classiques que font les natifs francophones quand ils parlent l’anglais. Je  me permets de vous retranscrire leurs réponses en anglais pour éviter de les dénaturer.

  1. In French, you have the article ‘le’ or ‘la’ before so many things. It’s not the same in English hence using before every noun comes out funny.
  2. Male and female does not exist in English for non living things. Therefore, there is no gender for everything that does not breathe. Automatically everything become ‘it’.
  3. For every human being, you have to use he or she. Her or his. Therefore, for anything they own, you cannot say it’s name or its sister or it’s dog when referring to a human being. Calling someone ‘it’ is almost taken as an abuse.
  4. When saying Danielle’s dad, you say her Dad. Not his Dad. When saying Trump’s wife, you say his wife. Not her wife ! It’s his wife.
  5. Using « z » instead of « th ».
  6. Saying « i’m angry » instead of « i’m hungry » – watch out your pronunciation.
  7. Pronouncing « a sheet of paper » like  « a shit of paper ».
  8. Pronouncing « beach » like « bitch ».
  9. Adding an « s » to words already pluralized : men (s), women (s).
  10. Singing along to songs in English but speaking with only made-up words.
  11. Not pronouncing « h » at the start of words.
  12. (Or sometimes) Over-annuncianting the « h » at the beginning of a sentence. Example : « Hhhhhii »
  13. Using « to learn » instead of « to teach ». For example  » I learned him » instead of « I taught him ».
  14. Adding « a please » after saying something insulting « shut up please ».

En résumé, nous, les francophones devons faire plus attention à la prononciation des mots, à l’emploi des pronoms…  Ce qu’il y a de drôle dans tout ceci, c’est que nous sommes censés maîtriser les points cités plus hauts. Pour cause, ces erreurs grammaticales, d’orthographe classiques… Nous les avons étudiées au lycée. Vous savez maintenant ce que le savoir inutilisé devient.

On ne termine donc jamais d’apprendre. N’oubliez pas de taguer vos amis anglophones afin de compléter la liste et de nous permettre à tous, de nous améliorer. Tâchons le moins possible de réveiller « Shakespeare » au quotidien !


Les Générations : de A-Z

Mes chers compatriotes,  je vous ai ici réunis , pour vous parler de la victoire de M. Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle française. Digression. Nous ne sommes cependant pas loin du sujet.

Rappel des faits : il fut un temps, je m’en souviens, où les jeunes générations regardaient avec admiration les plus âgées. Il n’était pas question de battre le fer ensemble ni même de s’asseoir à la même table, il était question de contemplation et d’admiration.

S’en suit le choc générationnel (qui est toujours d’actualité). Ayant professionnellement évoluée dans un environnement où jeunesse et manque d’expérience ne pouvaient pas rimer avec propositions constructives et force de proposition, je pourrais en écrire volume sur ce que j’appelle le choc générationnel ; l’expertise qui consiste en : avoir consacré plus de la moitié de son existence au travail (si ce n’est sa vie entière) comme seul argument pour balayer d’un revers de la main les arguments de générations plus jeunes …

Aujourd’hui, il y a cette génération qui n’a plus le temps, ni de croiser le fer ni de faire dans la contemplation- nul besoin de se ruiner à convaincre, elle préfère s’imposer par ses résultats. Émotion, surprise, encouragement, admiration, découragement ou frustration sont là quelques sentiments qu’elle évoque aux générations pionnières .

Mes chers compatriotes, je vous ai ici, réunis pour vous parler de la victoire de M. Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle française. Cette fois-ci, nous sommes bien dans le vif du sujet.

Je cite bien volontiers M. Macron pour étayer mon propos, parce qu’au-delà d’être « la star politique » du moment,  il incarne le parfait exemple de ce « gap générationnel » . Macron président, cela voudrait dire qu’une bonne génération de « 40/50 ans » aura raté sa chance de tenir les reines d’un pays. Pire, elle devra encore attendre « un tour qui ne sera plus sien », ainsi de suite.

Le temps de l’admiration et de la contemplation est bien loin derrière. Seuls des résultats palpables permettront aux différentes générations de s’exprimer. Prenez la peine d’observer dans votre environnement immédiat, vos différents domaines d’activités cette évolution de relations, mais surtout n’oubliez pas de saisir la chance de votre génération – donnez vie à vos rêves les plus fous ! Le temps passe peut être trop vite, peut être à un autre rythme.