Un patient très patient

Article : Un patient très patient
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09/10/2014

Un patient très patient

Un après-midi à la clinique, j’ai attendu le neurologue pendant deux heures de temps.

La salle d’attente était pleine à craquer, que dis-je, plutôt prête à exploser. Les visages alignés, les mines serrées, certains plus que d’autres, mais tous nous étions prêts à en découdre avec le docteur (en pensée bien sûr). En gros tout le monde était fâché mais personne n’avait le courage de se lever et prendre sa route, en tout cas, pas avant d’avoir vu le médecin traitant et trouvé remède à son mal. 

Le concerné se pointe tout essoufflé, quelques temps après : « excusez-moi, j’étais retenu au CHU*, à l’université (et surement dans d’autres gombos*), veuillez excuser mon retard, vous avez été gentils de m’attendre, je me dépêche de vous recevoir » (beh voyons, comme si on pouvait s’offrir le luxe de se déplacer avec les membres qui débloquent. Et qu’est-ce qu’on croyait de toute façon? C’est bien un spécialiste des nerfs, il nous titille juste , pour éviter que nous soyons sur les nerfs). 

Enfin mon tour arrive, j’entre et je m’assois, le docteur qui se tient face à moi, parcourt les résultats des examens et s’écrie : »beh mademoiselle, vos résultats sont normaux, c’est génial non? (ehh merde, encore un résultat négatif, ça fera le septième, mon patron a peut-être raison, j’ai vraiment été fléchée depuis le village, comme c’est courant en Afrique. Suis-je le seul malade du coin qui souhaiterait non qui supplie qu’on lui trouve une maladie qui colle à son mal? Est-ce trop demander? Je crois que oui). 

Très bien dit-il, on va continuer les vitamines renforcées et programmer d’autres examens (attrape ton cœur ma fille, tu sais compter non? Jamais sept sans huit, mais rassure toi, cette fois-ci, on trouvera surement quelque-chose ou rien du tout comme d’habitude. C’est rassurant en effet.). Il finit enfin par dire: on se dit donc à jeudi prochain? Avec vos derniers résultats, même heure? (Euuh quelle heure déjà? Celle qu’on me donne à l’accueil ou celle qui vous convient au réveil? Eu-je envie de demander). Je hoche timidement la tête, en signe de OK, et je me dirige vers la sortie, pour appeler et laisser entrer le patient suivant.

Cet après-midi à la clinique, j’ai attendu le neurologue pendant deux heures de temps, ma consultation a duré cinq minutes, maximum, et mon prochain rendez-vous est fixé à la semaine prochaine, jour pour jour. Le mot « PATIENT »a vraiment sa place dans le jargon médical, il prend tout son sens maintenant que j’y pense, pour être un bon patient, il suffit juste d’être patient.

neuro

 

CHU* = Centre Hospitalier Universitaire.

Gombos* = affaires externes rapportant des sous.

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Commentaires

Zak Le Messager
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Les patients souffrent, c'est aussi la cause du succès des trado.
Super billet

mandanye
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si si qui est fou quand médicament de blanc fais malin sur toi lool

babethlizy
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Au chu, c'est pire surtout lorsque tout le monde à RDV à 8h et que c'est la loi du premier arrivé premier reçu qui prime ou du moins qui est sensée primer mais qu'en vérité c'est la loi du dessous de table et du "mouillage de barbe" qui règne...

mandanye
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c'est vraiment méchant pendant que les gens souffrent dans leur chair.